Jusqu’à la fin des années 1960, c’est souvent l’ostréiculture qui faisait bouillir les marmites de notre village et de tous les petits villages en bord d’estuaire : artisans et commerçants y trouvaient leur compte, l’animation et la vie des bourgs et des petits ports aussi ; Le Verdon comptait 1 800 habitants en 1970.
Les remblaiements massifs effectués en bord de rivière pour le développement d’une zone industrielle par le PAB sonnent le glas de cette activité : les riches bancs d’huîtres du Verdon à Saint Vivien sont définitivement inexploitables suite à une modification des courants estuairiens de la zone.
Mais l’eldorado industriel promis par le PAB arrivait à nos portes ! alors !…Un port pétrolier, des industries sur plusieurs dizaines d’hectares, des emplois, des emplois….S’il est vrai que la commune du Verdon s’est alors enrichie par l’apport de taxes professionnelles, le développement industriel promis n’a pas été, et de loin, à la hauteur de ce que l’on pouvait éspérer. Le projet Pegas n'entre pas dans le même contexte, nous sommes en communauté de communes.
20 ans plus tard les cuves d’hydrocarbures ont été démontées, les dockers sont peu à peu partis, ainsi qu’une partie des douanes, gendarmerie, administration du PAB.
Que reste-t-il aujourd’hui ? …. Une friche industrielle, une ostréiculture définitivement disparue, des taxes professionnelles évaporées….En 1991, Le Verdon comptait 1 352 habitants et de nombreux chômeurs.
Projetons-nous dans le futur
Projetons nous dans un futur de 20, 25 ans, lorsque le port méthanier, s’il se fait, ne sera plus opérationnel.
Les 60 emplois ?… Envolés ! Le tourisme ?… Très certainement difficile et très long à remettre en route, la plaisance (Port médoc) ?… Mystère.
Mais surtout, il restera aux générations futures des cuves en béton armé d'1m d’épaisseur, 80 m de diamètre et 47m de haut. Nos jeunes pourront-ils et auront-ils les moyens financiers de les détruire ? C’est peu probable. Pour mémoire les cuves de pétrole étaient métalliques, donc démontables, ce qui n’est pas le cas des cuves de méthane.
Tout ceci pour dire que le village sera définitivement et irrémédiablement classé Seveso II. Que penseront les nouvelles générations, nos enfants et petits enfants, du fait que nous ayons laissé s’implanter un tel site ?
Ne serait-il pas plus judicieux de rassembler toutes les forces vives, et elles sont nombreuses, pour faire vivre le village et tout le secteur d’une autre façon ? Peut-être faudrait-il s’orienter vers un tourisme mieux adapté et vers l’apport d’entreprises ou d’industries sans risques pour la population dans un environnement exceptionnel et recherché ? N’oublions pas que le tourisme est l’option principale de la CDC et qu’un port vert (Port médoc) n’attend qu’à se développer pour créer des emplois.
Avons-nous le droit, vis à vis des générations futures de laisser implanter un site classé Seveso 2 ? N’avons-nous pas le devoir de leur laisser un patrimoine préservé, sans dangers éventuels pour la population, une économie inscrite dans une logique de développement durable, maîtrisée, créatrice d'emplois et respectueuse de l'environnement ? Telles sont, me semble-t-il, les deux questions essentielles que nous devrions tous nous poser, y compris et en particulier, ceux qui nous représentent, nos élus.