Premier contact samedi 16 février entre une délégation du conseil d’administration de notre collectif (Christine Grass et Philippe Lucet) et Andree Krüger – Président de PMVE , accompagné de Mélanie Garde, attachée de direction.
Nous avions demandé à l’automne 2012 à l’équipe PMVE que soient organisées des réunions d’information sur les deux rives quant à l’état d’avancement du projet éolien du Verdon sur mer. Un certains nombre de questions de fond sur la nature exacte du projet, ses promoteurs, le montage financier envisagé, restaient d’actualité malgré les diverses informations distillées régulièrement dans la presse (cf. articles parus précédemment sur ce blog)
Ce premier rendez vous, proposé par A. Krüger, nous a permis d’établir d’abord un premier contact direct avec le Président de PMVE, un échange constructif qui devrait jeter les bases d’une information ultérieure directe de notre collectif au fur et à mesure de l’évolution du projet.
Il nous a permis aussi d’aborder d’ores et déjà quelques points importants (la connaissance approfondie de l’allemand par C. Grass a sans aucun doute été d’un grand secours pour ce premier entretien..).
Gardons bien sûr à l’esprit pour les observations suivantes, que la subjectivité des rapporteurs y a évidemment sa place. Il s’agit d’une première rencontre de courte durée avec un promoteur industriel qui a sa propre logique industrielle et une approche culturelle qui est différente de la nôtre.
Mais d’abord qui est Andree Krüger, président de PMVE ?
Andree Krüger a 41 ans, il est ingénieur de formation (ce n’est pas un « financier » de sensibilité initiale). Il est à l’origine, avec une dizaine d’associés, de la création de la société BARD engineering en 2003. Au départ un postulat : le développement de l’éolien offshore est promis à un bel avenir, il passera par la conception de fermes éoliennes loin des côtes, hors de vue des habitants de zones peuplées à vocations touristiques dominantes. Il faut donc mettre au point des techniques originales d’implantations d’éoliennes dans des fonds importants ( ≥ 30-40 m). La démarche est donc à la base une démarche d’engineering (mise au point de processus avec dépôt de brevets). Le Président de PMVE est sans aucun doute un homme de conviction, et un réalisateur qui a su transformer une compétence et quelques idées originales en un véritable projet industriel et ce, en quelques années.
Quelles sont ses références ?
La mise au point d’un certain nombre de brevets a été la suite logique de la démarche de conception et d’engineering évoquée précédemment. Ces brevets concernent tous les aspects de la création des éoliennes « Bard » : turbines, nacelles, et tripodes (seuls systèmes performants actuellement d’après lui pour implantations d’éoliennes dans des fonds supérieurs à 30/40 m).
A. Krüeger aurait personnellement la pleine disposition et l’exclusivité de ces brevets. Les associés de départ de Bard engineering ont logiquement cherché ensuite des partenaires financiers pour mettre en œuvre un premier projet offshore, nécessitant évidemment de gros capitaux : la réalisation du champ d’éoliennes « Bard one » a été un premier succès pour le « groupe Bard » impliquant alors de nouveaux capitaux et partenaires publics et privés, allemands et étrangers ( russes notamment). La logique de développement suivie semble se rapprocher de celle d’une « start-up énergie renouvelable ».
Quelle est sa démarche au travers de la création de la société PMVE ?
Andree Krüger est actuellement l’actionnaire principal et logiquement le PDG de la société PMVE, société, nous le savons, à faible capital. On peut raisonnablement penser que la démarche entreprise est du même type que celle décrite précédemment quant au développement depuis 2003 du groupe Bard. Une idée de base, la disposition d’une compétence et de brevets, le choix d’un site jugé favorable pour la concrétisation d’un projet industriel. Il est tout aussi évident que la concrétisation du projet industriel nécessitera comme pour la réalisation du projet « Bard one » :
1/ l’obtention d’un contexte administratif et politique favorable sur
le site choisi
2/ le montage d’un groupe de partenaires financiers à la hauteur
des investissements envisagés
3/ la vérification du bienfondé de la stratégie de positionnement
commercial choisie.
Ou en est-on actuellement dans cette stratégie de développement ?
Sans aucun doute à la phase 1, qui devrait prendre près de deux ans ( études d’impacts et demandes d’autorisations administratives diverses notamment). Parallèlement, il est évident que le promoteur conduit une recherche de partenaires, financiers et commerciaux, recherche où le groupe Bard en lui-même ne semble pas impliqué directement. C’est cette phase qui doit permettre de définir les contours exacts du projet industriel final. Nous avons bien sûr demandé à A. Krüger de nous tenir informés de l’évolution concrète de celui-ci. Il est clair aussi que la concrétisation des volontés publiques diverses (françaises en particulier) quant au développement des champs éoliens offshore va jouer un rôle déterminant sur l’avancée du projet dans les années à venir. L’objectif clair du promoteur étant de construire des éléments d’éoliennes (des tripodes notamment) sur place, éventuellement avec des partenaires industriels français (il a , par exemple, cité la Sté STX de St Nazaire). On peut raisonnablement penser à ce niveau que l’implication des élus régionaux pourrait être déterminante ( nous y reviendrons..)
Qu’en est-il des craintes légitimes quant aux impacts sur l’environnement ?
La première question que nous avons logiquement posée à A. Krüger concernait la nécessité de mise en place d’éoliennes à terre. La réponse est claire : seules deux éoliennes destinées aux tests d’assemblages et de fonctionnement sont indispensables pour PMVE. A. Krüger ne souhaite en aucun cas trois éoliennes supplémentaires, au contraire il s’agirait pour lui d’un investissement inutile (actuellement imposé par le principe des ZDE construites sur le principe d’un minimum de 5 éoliennes par site avec pour objectif d’éviter le « mitage »). Y aurait-il alors une possibilité de dérogation pour réduire ce nombre à deux sur le site du Verdon ? C’est une question légitime que nous entendons poser aux pouvoirs publics. Parmi les autres aspects environnementaux, nous avons évoqué la problématique des nuisances sonores éventuelles et donc la nécessité d’éloignement des installations du village, A . Krüger argumente le sérieux des études préliminaires qui démarrent (exclusivement sur les fonds propres de PMVE) et nous garantit que nous serons associés au fur et à mesure de la démarche. A suivre..
En conclusion
Nous pensons que ce premier entretien nous a permis de mieux comprendre la logique de la démarche engagée par A.Krüger, qui nous semble sans aucun doute porteuse d’espoirs pour la zone et l’économie locale. Elle a permis également de lever certaines ambiguïtés dans la perception que nous avions des promoteurs et de leurs motivations. Notre collectif se doit bien évidemment de rester très mobilisé pour que les préoccupations environnementales restent dans les priorités de tous dans l’évolution de ce projet. Le maintien d’une information directe par A. Krüger au fur et à mesure de l’avancée de la phase 1 sera pour nous bien sûr de la plus grande importance, nous informerons aussitôt nos adhérents de toute évolution du dossier. Le développement d’une industrie liée aux énergies renouvelables, sur la base d’un projet construit dans le respect de l’environnement, en concertation avec la société civile et les élus qui la représentent serait sans aucun doute un beau challenge pour l’estuaire de la Gironde et ses deux rives.
Encore faudrait-il que tous, y compris les grands élus des deux rives, mettent tout en œuvre, à commencer par leur bonne volonté exempte de tout calcul politicien à court terme, pour en faciliter l’émergence….
C. GRASS, Ph. LUCET